Question & approche
// Alors que le pouvoir des États-nations en tant que moteurs du progrès social s’amenuise, les niveaux locaux d’organisation jouent un rôle de plus en plus important dans la résolution des grands défis de notre époque, du changement climatique à la santé publique en passant par les relations de travail et les migrations. Les administrations municipales du monde entier ont montré leur capacité à agir de manière ciblée et collaborative ; elles établissent des programmes autonomes, proposent des stratégies ambitieuses pour atteindre leurs objectifs et mettent en œuvre leurs plans en alliance avec d’autres villes. Pourtant, toutes les municipalités ne sont pas « en action ». Pourquoi les villes diffèrent-elles autant dans leur capacité à agir ?
Dans ma thèse, je défends l’idée que cette variation est due à l’interaction entre l’écosystème organisationnel local – qui comprend les universités, les mouvements, les syndicats et les entreprises – et l’ancrage d’une ville dans un environnement institutionnel et politique plus vaste – notamment un réseau interurbain émergent. Deux études longitudinales comparatives sur la diffusion des pratiques administratives liées au développement durable apportent des preuves à l’appui de cette affirmation ; elles combinent des données quantitatives sur 360 villes du monde et 1 500 municipalités américaines de 2000 à 2015 avec des entretiens qualitatifs avec des dirigeants de villes et d’associations de villes.
Un aperçu des données
// Cette carte montre la prévalence des pratiques liées à la durabilité dans 1 500 municipalités aux États-Unis, sur la base d'une enquête menée par l'International City and County Management Association (ICMA) en 2008. Elle comprend également des informations sur la densité de la vie organisationnelle dans chaque lieu, ainsi que sur le caractère innovant de chaque État (d'après Boehmke et Skinner 2012), montrant une tendance à la covariation de ces propriétés.